Gonarthrose
Quelle est la fréquence de l’arthrose du genou ?
L’ostéo-arthrose du genou (OAG) est la maladie articulaire la plus fréquente dans les pays développés et représente une cause croissante d’invalidité importante.
L’OAG est une maladie dégénérative de l’articulation englobant le cartilage articulaire et les tissus environnant. En plus de la perte de cartilage il y a un remodelage de l’os péri articulaire, la formation d’ostéophytes, une laxité ligamentaire, une fonte des muscles péri articulaires et dans un certain nombre de cas une inflammation synoviale [1].
Dans différentes études de population, la Framingham OA Study chez 2400 adultes ≥ 26 ans de la région de Boston et le Johnston County OA Project chez 3000 Afro Américains et adultes blancs ≥ 45 ans de Caroline du Nord la prévalence de l’OAG, radiographiquement confirmée, après 45 ans était respectivement de 19,2 et 27,8%.
Dans une autre étude, la National Health and Nutrition Examination Survey III (NHANES III), la prévalence après 60 ans était de 37,4% [1-3].
Dans ces différentes études il est noté une nette prédominance chez la femme surtout après 45 ans. Le risque de développer une OAG symptomatique au cours de la vie est estimé à 40% et 47% respectivement chez l’homme et la femme [3,4].
Le nombre de patients souffrant d’OAG a augmenté d’environ 30% au cours des 10 dernières années. Le coût économique est élevé incluant le traitement pour le patient et la perte de productivité et le retentissement éventuel pour les familles amenées à adapter en conséquence leurs activités [4,5].
Références
[3] Neogi T, Zhang Y. Epidemiology of osteoarthritis. Rheum Dis Clin North Am. 2013;39(1):1‑19.
[4] Osteoarthritis (OA) | Arthritis | CDC [Internet. [cité 17 août 2016].
Qualité de la preuve : niveau 1
Mots clés : gonarthrose ; épidémiologie [knee osteoarthritis ; epidemiology].
Quels sont les principaux facteurs de risque d’arthrose du genou ?
L’âge représente un facteur de risque non négligeable d’arthrose du genou, tant pour sa forme radiographique que symptomatique.
Parmi les facteurs de risque d’une OAG on peut distinguer :
- ceux relatifs au développement : âge, sexe, activités professionnelles et de loisirs, poids ;
- et ceux favorisant sa progression, essentiellement le poids et le mode de vie [1].
- Facteurs non modifiables. L’âge et le sexe sont les principaux prédicteurs mais avec un faible niveau de preuve.
- L’âge représente un facteur de risque non négligeable de la maladie, tant pour sa forme radiographique que symptomatique mais les preuves sont modérées étant donné le peu d’études de cohorte de qualité sur le sujet [1,2].
- Le genre. Dans plusieurs études de cohorte et études cas témoins il existe une preuve modérée que le fait d’être une femme expose à un risque accru d’OAG. Par contre il n’y a pas de preuve d’association entre le sexe et la progression de l’OAG [1,2].
- Facteurs modifiables
- Surpoids et obésité. Dans 12 études de cohorte et 17 études cas témoin dont 13 de bonne qualité l’association entre valeurs élevées d’IMC et plus grand risque de développer une OAG est solidement démontrée, voire une OAG sévère [1,2].
L’IMC, plutôt que tour de taille, % de masse graisseuse ou ratio tour de taille/hanche, est la mesure la plus utilisée pour départager les gens les plus à risque de ceux qui ne le sont pas.
Dans une méta- analyse, le rapport de cotes global vs un poids normal a été de 2,18 (1,86-2,55) pour un surpoids et de 2,63 (2,28-3,05) pour l’obésité. D’autres méta-analyses confirment ces résultats. Les données sont contradictoires pour ce qui est du lien entre un IMC élevé et la progression de la maladie.
Facteurs occupationnels. Il est assez solidement établi que des tâches sollicitant les genoux de façon importante durant la vie active (monter/descendre des escaliers, s’agenouiller sur des surfaces dures, etc.) ou soulever de lourdes charges, régulièrement ou sur une longue période, sont des FdR de développer une AG [3].
Le risque d’OAG semble 2 à 3 fois plus élevé pour un travail « physiquement exigeant » comparativement à un travail plus léger ou de type sédentaire.
En outre l’interaction entre facteurs liés au travail et obésité aggrave le risque d’OAG [2].
Les biais de publication, l’hétérogénéité et les difficultés de caractérisation précise de l’exposition au travail représentent cependant d’importantes limitations des études sur ces sujets.
Activités physiques et loisirs. La caractérisation de l’exposition aux différentes activités sportives varie beaucoup d’une étude de cohorte à l’autre mais Il est solidement établi que des activités physiques intenses sur des périodes plus ou moins longues peuvent exposer à un plus haut risque d’OAG alors que les activités d’intensité faible ou modérée semblent plutôt le diminuer [1,2].
Une accumulation au cours de la vie d’activité physique d’intensité modérée n’augmente pas le risque d’OAG et pourrait même le réduire (niveau de preuve élevé).
Certains sports pratiqués de façon intensive sur de longues périodes pourraient l’aggraver (course, athlétisme, ski de fond, hockey, cyclisme, football) (niveau de preuve élevé).
La pratique régulière d’activités physiques ne semble pas associée à la progression de la maladie, mais les études publiées sont sur le long terme de faible qualité de preuve [2].
Densité minérale osseuse. Il existe des preuves solides pour dire que les personnes avec une haute densité minérale osseuse (DMO) sont plus à risque de souffrir d’OAG. Il est possible que cette association soit liée au style de vie. Les os des grands sportifs et des personnes obèses pourraient répondre aux impacts et aux charges mécaniques en synthétisant davantage d’os, augmentant de ce fait la DMO [2].
Anatomie, blessures et chirurgie du genou. Les preuves d’une association entre genu valgum ou varum et OAG sont limitées.
Les études, trop peu nombreuses, sont contradictoires, limitées ou insuffisantes pour la taille, la force des quadriceps, les lésions ou l’œdème de la malléole osseuse, l’inégalité de longueur des membres inférieurs ou la proprioception.
Une interaction entre les anomalies constitutionnelles et les facteurs occupationnels pourrait jouer un rôle dans le développement de l’OAG [4].
Des antécédents de blessure sont un FdR d’AG important (RC global 3,86 ; 2,61-5,70), mais avec beaucoup d’hétérogénéité dans les études. Rien de concluant n’apparaît à propos de blessures spécifiques telles que des ruptures du ligament croisé antérieur. Aucun type de blessure ne semble spécifiquement associé à la progression de l’AG.
L’association entre antécédents de chirurgie et risque d’OAG est insuffisamment démontrée, faute d’études observationnelles de qualité. Certaines revues systématiques ont cependant rapporté que la méniscectomie était plus susceptible d’entraîner une OAG [2].
Autres facteurs de risque. Vu le faible nombre d’études et de nombreux facteurs confondants Il existe des preuves contradictoires concernant l’augmentation ou la diminution du risque d’OAG en rapport avec le tabagisme, l’alimentation, l’ethnicité, le niveau scolaire, la consommation d’alcool, le port de talons hauts.
Les données sont contradictoires concernant chez la femme l’influence des traitements substitutifs de la ménopause [2].
De nombreuses données sur le développement et la progression de l’OAG sont contradictoires. En pratique la prévention doit viser trois principaux facteurs de risque modifiables : l’excès de poids, des tâches répétitives sur de longues périodes au travail (travail à genoux, charges lourdes..) et la pratique intensive de certaines activités physiques.
Références
[2] [irsst.qc.ca Gaudreault N, Durand MJ, Moffet H, Hébert L, Hagemeister N, Feldman D et al. Bilan des connaissances sur les facteurs de risque de l’arthrose du genou et sur les outils d’évaluation et les interventions en matière de soins et services. Etudes et recherches. IRSST. Rapport R-832. 2014].
[3] [file:///Users/yveslenoc/Dropbox/Telechargements%20iCloud/x68_74.pdf Kirkeskov Jensen L. Knee-straining work activities, self-reported knee disorders and radiographically determined knee osteoarthritis. Scandinavian Journal of Work, Environment & Health. 2005;31(2):68‑74].
Qualité de la preuve : niveau 3
Mots clés : gonarthrose ; facteurs de risque ; évaluation des risques [knee osteoarthritis ; risk assessment].