Dengue
Quelle est la diffusion réelle de la dengue ?
La dengue est l’arbovirose la plus répandue et celle qui progresse le plus rapidement dans le monde.
La dengue est une infection provoquée par un virus de la famille des flaviviridæ dont il existe 4 sérotypes différents (DENV 1 à 4) véhiculés, comme les autres arboviroses, Chikungunya (CHK) ou Zika par des moustiques de type ædes, principalement ædes Ægypti, mais aussi ædes Albopictus, selon un cycle homme-moustique-homme. D’autres espèces présentent un cycle de transmission du moustique au singe mais la transmission du singe à l’homme semble rare [1].
Le nombre de cas de dengue notifiés chaque année à l’OMS est passé de 0,4 million à 1,3 million dans la période 1996-2005 pour atteindre 2,2 millions en 2010 et 3,2 millions en 2015 [1].
Elle sévit principalement dans les régions tropicales et subtropicales. Durant les dernières décades son incidence a été multipliée par 30 dans les pays d’Afrique, d’Amérique du sud et autour de l’océan indien. Plus de 70% de la charge de morbidité dans les pays d’Asie du Sud-Est et dans le Pacifique occidental sont imputables à la dengue. En Amérique latine et dans les Caraïbes, l’incidence comme la gravité de la maladie ont augmenté rapidement ces dernières années. L’Afrique et la Méditerranée orientale ont également enregistré davantage de flambées épidémiques au cours des dix dernières années [2]. Plus récemment, depuis 2010 des cas de transmission autochtone ont été signalés en Europe [1].
Entre le 1er et le 25 mai 2018, 16 cas importés ont été confirmés en France métropolitaine, majoritairement du Sud-Est et Sud-Ouest : Nouvelle Aquitaine 2, Auvergne Rhône Alpes 1, Ile de France 3, Occitanie 4, Provence Alpes Côte d’Azur 6. 38% concernaient des personnes ayant séjourné à la Réunion [3].
Désormais présent en France dans 42 départements le moustique tigre vecteur de la dengue, du chikungunya et du zika, fait l’objet d’une surveillance prioritaire pour les autorités sanitaires et leurs partenaires, durant sa période d’activité́ en métropole du 1er mai au 30 novembre [4].
Références:
[1] OMS. Relevé épidémiologique hebdomadaire. 2016 ;91(30) :349-64
[2] OMS. Qu’est-ce que la dengue et comment la soigne-t-on ? Questions réponses Décembre 2017.
[4] Direction générale de la santé. Communiqué de presse. 27 avril 2018
Qualité de la preuve : niveau 2.
Mots clés : Dengue – épidémiologie [dengue – epidemiology]
Quelles sont les manifestations de la dengue ?
Seulement 25% en moyenne des cas sont symptomatiques. Après une période d’incubation de 3 à 14 jours (4 à 7 jours en moyenne) le tableau clinique se caractérise le plus souvent par une fièvre soudaine à 40°, accompagnée d’au moins 2 des symptômes suivants : céphalées, douleurs rétro-orbitaires, myalgies et arthralgies généralisées, bouffées congestives du visage, anorexie, douleurs abdominales, nausées, éruption cutanée de type non spécifique (maculaire, maculopapulaire, morbilliforme, scarlatiniforme ou pétéchiale) sur le tronc, les membres, les plantes et les paumes. Les symptômes durent en moyenne de 2 à 7 jours [1].
Mais des formes sévères sont potentiellement mortelles. On estime à environ 9220 morts par an du fait de la dengue avec un pic de 11 300 (IC 95% : 6790-13222) en 2010 et 9100 en 2013.
Le taux de mortalité par million de cas est plus élevé chez la femme (1,32 ; 0,71-1,61) que chez l’homme (1,23 ; 0,70-1,48), chez les jeunes enfants < 5 ans (3,75; 2-5,27) et chez les personnes âgées de plus de 80 ans (3,03 ;2,10-3,69).
Les régions les plus concernées sont l’Asie du sud-est, l’Océanie et les Caraïbes avec des de taux de mortalité respectivement de 8,49 (3,94-10,68), 8,13 (5,94-13,64) et 3,24 (1,31-4,18).
Quelques rares cas, 42 décès en 2013, ont été notés en Europe de l’Ouest (taux de mortalité 0,1/million ; 0,08-0,12)[2].
Les critères de dengue sévère comportent des signes de fuite plasmatique importante entraînant un état de choc ou une accumulation liquidienne, accompagné d’une détresse respiratoire, d’hémorragies profuses ou d’une insuffisance organique grave. Ils sont précédés par des douleurs abdominales ou une sensibilité abdominale à la palpation, des vomissements persistants, des œdèmes, un saignement des muqueuses, un état de léthargie ou d’agitation, une hépatomégalie ou une augmentation de l’hématocrite accompagnée d’une thrombopénie d’installation rapide [3].
Dans 50 à 80% des cas la dengue reste asymptomatique mais des formes sévères, voire mortelles son possibles.
Références
[1] OMS. Dengue et dengue sévère. Principaux faits. MAJ 02 février 2018.
[3] OMS. Relevé épidémiologique hebdomadaire. 2016 ;91(30) :349-64.
Qualité de la preuve : niveau 2.
Mots clés : Dengue – signes et symptômes [dengue – signs and symptoms].
Comment confirmer le diagnostic de dengue ?
Le diagnostic de certitude est biologique
La symptomatologie clinique étant peu spécifique, le diagnostic biologique est nécessaire pour confirmer le diagnostic et écarter les autres pathologies qui pourraient entrainer les mêmes symptômes ou des symptômes proches [1].
La confirmation en laboratoire de l’infection par le virus de la dengue repose généralement sur une analyse sérologique : titrage immuno-enzymatique des IgM (MAC-ELISA), titrage ELISA des IgG, épreuve de neutralisation par réduction des plages de lyse (PRNT] ou sur des méthodes moléculaires (transcription inverse et amplification en chaîne par polymérase [RT-PCR] et détection de la protéine 1 non structurale, spécifique de la dengue [NS1][2].
La recherche directe du virus, détectable 4 à 5 jours après le début de la fièvre et persistant pendant toute sa durée, est peu employée [2]. En cas de première infection les IGG augmentent lentement à partir du 8e / 10e jour alors que les IGM sont détectées à partir du 5e jour après le début de la fièvre et persistent au minimum 2 à 3 mois.
Les méthodes de détection par PCR permettent un diagnostic plus précoce avec une sensibilité de 80 à 90% dans les 3 premiers jours suivant le début de la maladie [2,3].
Le diagnostic sérologique ne permet généralement pas d’établir le sérotype du virus responsable de l’infection sauf par la technique PRNT, et est susceptible de présenter une réactivité́ croisée avec d’autres flavivirus [2-4].
Un diagnostic rapide et précis est essentiel pour orienter les modalités de prise en charge et informer l’entourage pour prévenir la dissémination locale du virus.
[2] OMS. Relevé épidémiologique hebdomadaire. 2016 ;91(30) :349-64.
[3] Guzman MG, Harris E. Dengue. The Lancet. 2015;385(9966):453–65.
Qualité de la preuve : niveau 3.
Mots clés : Dengue ; diagnostic [dengue ; diagnosis].