Différences entre les versions de « Cigarette électronique »
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Par principe de précaution certains fabricants apposent sur les emballages de e-cigarette le logo « ''interdit aux femmes enceintes'' ». | Par principe de précaution certains fabricants apposent sur les emballages de e-cigarette le logo « ''interdit aux femmes enceintes'' ». | ||
'''Il importe de souligner auprès des femmes concernées qu’en l’absence de données suffisantes sur la nocivité sur la production et la fonction des neurotransmetteurs et les répercussions possibles sur le développement neurologique du fœtus la prudence est de mise'''. | '''Il importe de souligner auprès des femmes concernées qu’en l’absence de données suffisantes sur la nocivité sur la production et la fonction des neurotransmetteurs et les répercussions possibles sur le développement neurologique du fœtus la prudence est de mise'''. |
Version du 1 août 2014 à 16:29
Qu’est-ce que la cigarette électronique ?
Le terme d’e-cigarette ou cigarette électronique désigne un produit fonctionnant à l’électricité sans combustion destiné à simuler l’acte de fumer[1].
Les systèmes de délivrance électronique de nicotine, communément appelés « cigarette électronique » ou « e-cigarette » ou « e-cigs » du fait de leur ressemblance avec des cigarettes classiques, se présentent comme une structure intégrée composée d’une coque en acier inoxydable, une batterie lithium-ion rechargeable, une puce électronique avec circuits de commande, une chambre d’ionisation, une cartouche jetable ou un réservoir et à l’extrémité un témoin lumineux de fonctionnement [2].
La cartouche contient une solution de nicotine et divers additifs solvants tels que du glycérol ou du propylène glycol pour produire l’effet de fumée et renforcer l’arôme [1], et différents parfums. L’aspiration active un circuit électrique et une pression négative qui ferme un clapet et provoque un chauffage à la fois de la cartouche et de l’air et un aérosol visible lors de l’expiration sous la forme de vapeur inhalable, d’où l’expression de « vapotage ». La nicotine, les parfums et autres solvants sont déposés dans la cavité buccale [3,4].
Les cartouches contiennent généralement moins de 20 mg de nicotine correspondant à la norme pour une cigarette [1]. Des cartouches de démarrage spécifiques sont livrées avec chaque appareil vendu. Les suivantes sont vendues séparément par le fabricant de l'appareil ou d'autres fournisseurs. Des flacons de recharge permettent ensuite de remplir les cartouches usagées.
Dans une enquête sur 29 échantillons fournis par 5 fournisseurs de e-cigarettes la teneur moyenne en nicotine a été trouvée < 10 mg/ml pour 18 cartouches et < 20 mg/ml pour 18 kits de recharge, ne répondant pas ainsi aux exigences de la réglementation sur le médicament [5]. Mais l’utilisation des solutions de remplissage n’exclue pas un risque d’augmentation volontaire des concentrations, certains flacons pouvant actuellement contenir plus de 100 ml, soit plus que l’équivalent en nicotine de 10 paquets de cigarettes [1], voire de détournement pour mésusage avec d’autres produits illicites [4].
Chaque fabricant utilisant ses propres produits, parfums et additifs, il est difficile, hors les composants matériels de l’inhalateur lui-même, de donner une définition générale précise.
Références :
[2] FDA. Department of health and human services. Center for Drug Evaluation and Research. Division of Pharmaceutical Analysis. Evaluation of e-cigarettes. 2009
[3] Bullen C, Williman J, Howe C, Laugessen M, McRobbie H, Parag V, Walker N. Study protocol for a randomised controlled trial of electronic cigarettes versus nicotine patch for smoking cessation. BMC Public Health 2013 ;13 :210.
[4] Cobb NK, Abrams DB. E-Cigarette or Drug-Delivery Device? Regulating Novel Nicotine Products. N Engl J Med. 2011 Jul 21;365(3):193-5.
[5] Afssaps. Enquête sur des solutions et des cartouches pour des cigarettes électroniques. Juin 2011.
Qualité de la preuve : niveau 3.
Mots clés : nicotine – inhalation – dispositif [nicotine – inhalation - device].
Quelle est l‘importance de l’usage d’e-cigarettes ?
Le phénomène social de vapotage s’amplifie : les résultats sur le sevrage total ne sont pas au rendez vous.
Depuis 2 ans, le vapotage est en plein essor, mais les données relatives à la prévalence de sa consommation et aux modalités de son usage demeurent parcellaires et difficilement interprétables en raison du manque de précisions méthodologiques.
L’enquête ETINCEL de l’OFDT[1] sur 2052 personnes de 17 à 75 ans a étudié la notoriété de l’e-cigarette, sa fréquence d’usage, les modalités d’achat de l’objet et des recharges, les motivations de l’utilisateur, etc : on compterait entre 7,7 à 9,2 millions d’expérimentateurs, plutôt jeunes et consommateurs de tabac. Il s’agit dans 67 % des cas de fumeurs de tabac, qui s’en servent majoritairement pour arrêter ou réduire leur consommation quotidienne ; tous les vapoteurs réguliers sont ou ont été fumeurs.
En France 9 Millions de personnes ont essayé l’e-cigarette sur l’année 2013. Entre 1,1 et 1, 9 Million l’utilisent quotidiennement.
Les achats de l’objet comme des recharges se font principalement dans les magasins spécialisés (58 %) et chez les buralistes (21 %) et aussi de façon variée sur internet, en super marché et même en pharmacies (5%) alors qu’ils ne sont pas dans la liste des produits autorisés. La distribution a été multipliée par 200 entre 2010 et 2014 avec l’ouverture de 2000 boutiques spécialisées, 13000 points de vente.
Le profil des usagers de l’e-cigarette se définit par des expérimentateurs ou des usagers quotidiens majoritairement en quête de sevrage du tabac. La prévalence de fumeurs de e-cigarettes peut évoluer sans bénéfice réel pour la santé.
Références :
Qualité de la preuve : niveau 2
Mots clés : nicotine – inhalation – dispositif - épidémiologie [nicotine – inhalation – device - epidemiology].
Quelle est l’efficacité de la e-cigarette ?
La place de la e-cigarette dans le sevrage tabagique est très controversée et il y a un manque de données probantes concernant leur efficacité [1].
Dans une étude néo zélandaise 657 patients âgés de 40 ans en moyenne, dont 67% de femmes, fumant plus de 10 cigarettes/jour, moyennement dépendants (Fägerstrom>5) et souhaitant arrêter de fumer, ont été randomisés en trois groupes : e-cigarettes délivrant 10 à 16 mg/ml (289), versus patchs délivrant 25 mg/jour (295) et e-cigarette placebo (73). 6 mois après l’arrêt la persistance de l’abstinence était supérieure dans le groupe e-cigarette (7.3%) comparativement au patch (5.8%) et au placebo (4.1%).
Parmi ceux qui rechutaient le délai de rechute était plus que doublé avec la e-cigarette (35 jours) comparativement au patch (14 jours ; CI 95% 8-18 ; p<0.0001). Mais le nombre important de perdus de vue, entre 22 et 27% selon les groupes, et la puissance statistique insuffisante en ce qui concerne les différences dans la persistance de l’abstinence, ne permettaient pas de conclure [1].
Dans l’essai ECLAT [2], 300 fumeurs (moyenne d’âge 44 ans ; consommation moyenne 24.9 paq/années) a priori non motivés pour arrêter ont été randomisés en 3 groupes utilisant des e-cigarettes avec 3 concentrations différentes de nicotine :
 7.2 mg / cartouche pendant 12 semaines
 7.2 / cartouche pendant 6 suivies de 5.4 mg / cartouche pendant 6 autres semaines
 Cartouches placebo sans nicotine pendant 12 semaines.
pour évaluer l’effet sur la réduction de la consommation de cigarettes et de la concentration de monoxyde de carbone dans l’air expiré.
211 participants (70.3%) ont pu être revus à 12 semaines et 183 (61%) à 52 semaines.
- Il n’y avait pas de différence significative entre les groupes en ce qui concerne le nombre de perdus de vue.
- Une réduction statistiquement significative (p<0.0001) par rapport à la consommation de base a été observée de façon globale à chaque visite, mais non significative entre les groupes. La consommation moyenne / jour à la base de 19 dans le groupe A, 21 dans le groupe B et 22 dans le C, devenait respectivement à 12 semaines : 11, 10 et 18 et à 52 semaines 12, 14 et 12.
La e-cigarette peut être considérée comme une alternative parmi les méthodes d’aide au sevrage tabagique, sans preuve quant à son efficacité sur la dépendance à la nicotine et sans action quoiqu’il en soit sur les aspects psycho-comportementaux liés au fait de fumer [1-3].
Références : [1] Bullen C, Howe C, Laugesen M, McRobbie H, Parag V, Williman J, Walker N. Electronic cigarettes for smoking cessation: a randomised controlled trial. Lancet 2013; 382: 1629–37.
Qualité de la preuve : niveau 3
Mots clés : nicotine – inhalation – dispositif – efficacité [nicotine – inhalation – device - effectiveness].
Quelle est la toxicité des différents composants de la e-cigarette?
La vapeur générée par les e-cigarettes est susceptible de contenir des composés toxiques. Mais les preuves scientifiques sur leur absence ou leur présence dans les e-cigarettes et leurs effets sont très limitées [1].
Contrairement à la cigarette ordinaire qui implique la combustion du tabac la e-cigarette utilise la chaleur pour transformer en vapeur une solution aqueuse d’un mélange de nicotine et glycérine ou propylène glycol. La chaleur peut entraîner la formation de nouveaux composants.
Une étude sur 12 marques de e-cigarettes parmi les plus populaires achetées en ligne sur Internet, correspondant à une teneur en nicotine standard entre 16 et 18 mg, a évalué les concentrations des quatre groupes de composés toxiques les plus importants présents dans la fumée de tabac [2] :
 Composés carbonés : formaldéhide – acetaldéhide – acroléine ;
 Composés organiques volatiles : benzène – toluène – aniline ;
 Nitrosamines ;
 Métaux lourds : cadnium – plomb – mercure.
Les différences de concentration entre la vapeur de 15 bouffées d’une e-cigarette et la fumée d’une cigarette classique variaient respectivement de 1 à 9 pour le formaldéhide, 1 à 450 pour l’acetaldéhide, 1 à 15 pour l’acroléine, 1 à 120 pour le toluène. Ces concentrations dans une e-cigarette sont alors comparables aux traces retrouvées dans des préparations pharmaceutiques.
A partir d’un total de plus de 9000 observations extraites de revues de la littérature les données disponibles sur les composants des aérosols des e-cigarettes ont été comparées avec les valeurs limites d’exposition en milieu professionnel. Concernant le propylène glycol et la glycérine des valeurs seuil ont été fixées par défaut et par précaution à 10 mg/m3 sur 8 heures sans risque de toxicité indentifié. Le dernier rapport du Health Council of the Netherlands en 2006 sur les risques liés à des expositions professionnelles au propylène glycol et à la glycérine recommande une limite de 50 mg/m3 sur 8 heures au-delà de laquelle des risques pour la santé sont possibles. En supposant une consommation excessive de liquide par vapotage de 5 à 25 ml/jour comportant une concentration de 50 à 95% de propylène glycol, le taux de propylène glycol dans l’air inhalé pourrait atteindre 1 à 6 mg/m3 très en deçà donc des valeurs seuils de dangerosité reconnus [3].
En l’état actuel des connaissances rien n‘indique que l’exposition aux divers composants de la vapeur des e-cigarettes entraîne des conséquences pour la santé en dehors de personnes fragiles pouvant présenter un risque particulier [3,4].
Références :
[4] Gardiner P. E-Cigarettes: The Vapor This Time?.
Qualité de la preuve : niveau 3
Mots clés : composés organiques – inhalation – toxicité [organic compounds - inhalation – toxicity].
Y a-t-il des effets indésirables liés à l’usage de la e-cigarette ?
Il y a une réduction importante des principaux effets indésirables observés avec la e-cigarette comparativement à la fumée de cigarettes conventionnelles.
Dans l’étude ECLAT [1], sur 300 participants suivis pendant un an, les symptômes les plus fréquemment observés étaient la toux (26% des cas), la sécheresse de la bouche (22%), l’essoufflement (20%), une irritation de la gorge (17%) et des céphalées (17%).
L’ensemble de ces symptômes ont diminué rapidement pendant la durée de l’étude et plus particulièrement l’essoufflement passé de 20 à 4% dés la 2e semaine.
Les symptômes classiquement observés à l’occasion de sevrage tabagique médicamenteux n’ont été que rarement signalés par les participants, respectivement 6.5, 4, 3.5, 3 et 2% pour la faim, l’insomnie, l’irritabilité, l’anxiété, la dépression. A la fin de l’étude aucun changement n’a été constaté en ce qui concerne le poids corporel.
Le principal inconvénient de la e-cigarette est lié au maintien de la dépendance à la nicotine. La forme du produit et sa gestuelle sont aussi des facteurs qui pourraient contribuer à entretenir la dépendance [2].
Références :
Qualité de la preuve : niveau 3
Mots clés : Nicotine – inhalation – effets indésirables [nicotine – inhalation – adverse events].
Quels sont les effets de la e-cigarette sur le système cardio-vasculaire?
Le tabagisme est un facteur de risque cardiovasculaire majeur. La cigarette électronique apparaît comme beaucoup moins nocive pour le cœur que la cigarette conventionnelle.
Les effets de la e-cigarette sur la pression artérielle, le rythme cardiaque et la fonction ventriculaire gauche ont été évalués comparativement chez 36 gros fumeurs [≥20 cigarettes/jour x 16 ans) et 40 anciens fumeurs [moyenne 30 cigarettes/jour x 16 ans] et utilisateurs de e-cigarette depuis en moyenne 6 mois (±4). Ils étaient au départ tous asymptomatiques, avec un examen clinique et un ECG de repos normaux, et ne prenaient aucun médicament [1].
Après usage les variations de pression artérielle et de rythme cardiaque sont respectivement chez les fumeurs et les vapeurs:
 Pour la PAS : 6.6 ±5.2 (p< 0.001) et 0.7 mmHg ± 4.6 (p = 0.3) ; différence significative entre les deux groupes (p < 0.001);
 Pour la PAD : 4.4 ± 3.3 (p < 0.001) et3 ± 3.6 (p < 0.001); différence non significative entre les deux groupes (p=0.079);
 Pour le rythme cardiaque 5.9 ± 4.7 (p< 0.001) et 0.4 ± 4.8 (p < 0.649) ; différence significative entre les deux groupes (p < 0.001).
Alors que la cigarette conduit à une dysfonction aigue du myocarde, l’usage de la e-cigarette ne modifie pas la fonction myocardique mesurée par échocardiographie. On ne connaît pas le risque d’AVC sous e-cigarette, mais a priori il devrait être beaucoup plus faible que celui observé avec les cigarettes conventionnelles, voire nul [2].
Références :
Qualité de la preuve : niveau 3
Mots clés : Nicotine – inhalation – effets indésirables [nicotine – inhalation – adverse events].
La e-cigarette est-elle dangereuse chez la femme enceinte ?
Il n’y a pas de données disponibles concernant spécifiquement les risques de la e-cigarette chez la femme enceinte [1].
La nicotine traverse facilement la barrière placentaire et de nombreuses études ont montré, comparativement au sang maternel, une concentration de nicotine dans le sang fœtal et le liquide amniotique supérieure respectivement de 15% et 88% [2]. Elle s’accumule également dans le lait d’où la prolongation de l’exposition pendant la période d’allaitement.
Les études ont également montré un impact négatif de la nicotine sur le développement des cellules du cerveau à la fois chez le fœtus et chez l’enfant avec comme conséquences des déficits de la mémoire et de l’apprentissage.
Enfin la nicotine, par ses effets cardiovasculaires, peut augmenter le risque de pré-éclampsie chez la mère.
Par rapport à la cigarette conventionnelle la e-cigarette n’apporte pas de quantités significatives de cancérogènes, micro particules ou monoxyde de carbone, particulièrement délétères pour le fœtus. L’apport de nicotine n’est a priori pas plus important qu’avec la cigarette, mais la vapeur apporte des substances potentiellement irritantes dont on ne sait pas si elles sont plus ou moins toxiques chez la femme enceinte que celles, différentes, de la fumée de cigarette [1].
Par principe de précaution certains fabricants apposent sur les emballages de e-cigarette le logo « interdit aux femmes enceintes ».
Il importe de souligner auprès des femmes concernées qu’en l’absence de données suffisantes sur la nocivité sur la production et la fonction des neurotransmetteurs et les répercussions possibles sur le développement neurologique du fœtus la prudence est de mise.
Références.
[2] Gardiner P. E-Cigarettes: The Vapor This Time?
Qualité de la preuve : niveau 3.
Mots clés : Gestation – nicotine – inhalation - prévention des dangers [pregnancy – nicotine – inhalation - harm reduction].